Pour Guadagnino, A Bigger Splash portait le risque de noyer sa propre mise en scène dans les eaux bleutées et chlorées de son décor, de se borner à animer une série mode. Le résultat contredit toute angoisse. Avec un maniérisme quasi baroque, en contradiction avec cette lumière dénudée, il filme des non-dits, l’aphonie de Tilda Swinton qui agit comme un symbole. Un bon film pop n’est jamais léger, mais s’attarde à la surface des choses, à sonder leur fine couche plastique en assumant de ne pas aller plus loin. Ici, ce sont les mini-cicatrices ou tatouages qui couvrent les corps de ses acteurs. Sont concentrés là, dans ces épidermes marqués de quelques petits accrocs, tous les défauts et qualités de A Bigger Splash. Mais Guadagnino réussit le tour de force, rare et difficile, qui nous fait aimer un film : la cohabitation entre des photogénies diverses. Les peaux des comédiens (incroyable Matthias Schoenaerts) s’agitent et se frôlent comme les danseuses d’un ballet pervers et immoral.