Malgré elles, ces solutions constituaient
déjà un «intermédiaire» entre le collectif
et l’individuel. (…) Des architectes ont
abordé le problème d’une autre façon en
essayant, non plus de densifier l’habitat
individuel, mais de donner forme à cette
notion d’habitat intermédiaire. Ils sont
en effet partis de la constatation que la
maison individuelle perd ses qualités
intrinsèques à partir de certaines densités
; c’est pourquoi ils ont cherché des
architectures qui conduisent à une forme
d’habitat d’une densité moyenne évitant
à la fois les fortes concentrations et le
«mitage» de l’espace, et permettant le
développement d’une vie relationnelle 4.»
Les trois opérations retenues illustrent
bien cette tentative de générer des
formes d’habitat alternatif où se côtoient
espaces individuels privatifs et espaces
communs collectifs avec une grande
place donnée aux espaces extérieurs et
particulièrement au jardin. Ainsi Couleur
d’Orange proposera à partir de la
réhabilitation d’une ancienne usine, des
logements en duplex autour d’une cour
centrale et d’un grand jardin.
Le Luat, opération produite dans le parc
social locatif, organisera un accès individuel
aux logements à partir de coursives
extérieures. Quant à La Souris Verte, le
choix s’est orienté vers un dispositif spatial
permettant au maximum la conservation
des espaces arborés. Les logements
trouvant leur place dans le gros pavillon
meulière réhabilité et l’extension neuve
attenante. Dans ces trois opérations,
l’investissement du collectif habitant est
fondateur de l’esprit des lieux et donne
tout son sens au projet collectif et coopératif.
- La troisième et dernière période s’initie
dans les années 2000. Les débats
relatifs à la production du logement
sont marqués par de fortes tensions sur
le marché de l’immobilier et font suite
à une décennie de spéculation. Face à
l’individualisme et à la marchandisation
incessante du cadre de vie, de nouveaux
arbitrages se négocient et des formes
d’alternatives se mettent en place. Des
initiatives apparaissent qui «cherchent
à faire émerger l’idée qu’un «habiter
autrement est possible» (…). (Elles)
s’organisent autour de mobilisations habitantes.
S’appuyant sur une critique des
modes de production conventionnels du
logement et sur une analyse des difficultés
d’accès au marché de l’immobilier,
ces démarches cherchent à promouvoir
dans des projets de mutualisation, de
solidarité, de durabilité, une réflexion sur
le cadre de vie et le «vivre ensemble5».
Elles s’inscrivent très largement dans le
développement de formes d’économie
sociale et solidaire et réinvestissent le
local comme source et ressource de leur
projet.