ELLE. Avant de partir, il vous aurait conseillé : « Dis toujours la vérité quand tu mens. » n’est-ce pas la définition de l’acteur ?
Matthias Schoenaerts. Oui, c’est vrai. Quand on filme, tout est artificiel, tout est construit. Mon travail en tant que comédien est d’apporter une vérité, une authenticité dans une fiction. C’est le défi de tout comédien.
ELLE. Votre père préférait le théâtre au cinéma. Il avait besoin d’une représentation pour se perdre. Et vous, les prises au cinéma vous suffisent-elles ?
Matthias Schoenaerts. Au théâtre, il pouvait créer sa planète, il faisait le magicien dans le noir de la scène. Moi, j’ai pris mes distances avec le théâtre, en fait, je n’ose pas y toucher. Quand j’étais plus jeune, ça me foutait la trouille car je sentais le poids, lourd, de l’héritage. Maintenant, je respecte davantage le théâtre. C’est comme le fils de Maradona qui va apprendre le foot… Un jour, je sais que je ferai du théâtre, je vais m’y abandonner. Et je ne ferai probablement plus de cinéma. La nuit, j’en rêve. Et je demande aux autres comédiens : « On joue quoi, ce soir ? » « Hamlet ! » Mais je ne connais plus le texte. Alors, je monte sur scène et j’étouffe. Je me réveille, je me rends compte que je suis chez moi. Pas de première ! Pas de « Hamlet » ! Et c’est génial !
ELLE. Quand on vous demande quel est votre acteur préféré, vous répondez Simone Signoret. Pourquoi ?
Matthias Schoenaerts. Parce que j’ai grandi chez ma grand-mère francophone, qui lui ressemblait, et on regardait les chaînes de télé françaises. J’ai vu bon nombre de ses films. Simone Signoret me touche parce qu’elle est juste, parce qu’elle est vraie. Sa voix transporte des milliers d’histoires. Seuls les grands comédiens sont capables de faire ça. Parfois sans mot, ils te percent le coeur d’un regard.