Yeux bleus, barbe de quelques jours, cheveux châtains européen. Matthias Schoenaerts pourrait être tout le monde, ne serait-ce son accent flamand, et un usage des faux amis dans les expressions, qui ravit. On lui demande où il aurait aimé que l’entretien ait lieu. «Tout prêt de la rivière. Sur un banc. Ce serait charmant.» On lui fait répéter, car on n’a pas l’habitude que la Seine soit miniaturisée ainsi. «Charmant» est un qualificatif que Matthias Schoenaerts emploie volontiers. Enfin, pas trop dans ce lieu qui «contre-inspire», dit-il. On est donc jeudi dernier, à 18 h 08, rue Saint-Honoré, à Paris, dans le patio d’un hôtel qu’on suppose en vogue, avec sa musique cool et agressive, qui monte au fur et à mesure que s’approche l’heure du dîner. Il y a des arbres plantés qui trouent le plancher pour s’ébattre en hauteur, afin de simuler une existence de centenaire. Il y a une clientèle internationale en couple qui consulte en même temps mais séparément son smartphone. Il y a la lourdeur de l’ennui et du fric qui suinte de partout.
Et il y a donc Matthias Schoenaerts, que les cinéastes internationaux s’arrachent, cœur à prendre si l’on en croit la presse people, et à qui le mutisme de ses personnages, et notamment de Vincent dans Maryland d’Alice Winocour, sied. Encore faut-il avoir envie d’envoyer des coups de marteau dans la glace du silence, la sienne et celle de l’acteur.